Plus de 30 nationalités se réunissent à Mexico pour l’Assemblée générale du CIAM autour d’enjeux comme l’égalité hommes-femmes et les nouvelles générations

À l’invitation de la SACM, société de gestion collective mexicaine, le Conseil International des Créateurs de Musique a tenu son Assemblée Générale (AG) pour deux jours de discussions visant à renforcer la coopération et la compréhension entre créateurs de musique et entre ses cinq alliances continentales, et à asseoir son rôle de porte-parole des créateurs de musique à travers le monde.

La SACM a généreusement accueilli l’AG, la réunion du Comité Exécutif du CIAM et une rencontre ALCAM-MCNA, qui a réuni des créateurs des deux Amériques avant le congrès.

Armando Manzanero, Président de la SACM, et compositeur mexicain de renom, s’adresse à l’Assemblée Générale. Photo © : CISAC

L’AG a braqué les projecteurs sur un ensemble de nouvelles stratégies intitulées CIAM 3.0. Elles visent à toucher la nouvelle génération de créateurs, à améliorer l’égalité hommes-femmes et la diversité, à renforcer les alliances continentales du CIAM et à préserver le rôle central des créateurs au sein des organisations de gestion collective à l’avenir.

Après le message vidéo de bienvenue d’Eric Baptiste, Président du CA de la CISAC et de Gadi Oron, Directeur Général de la CISAC, Eddie Schwartz, le Président du CIAM, a cédé la parole à Armando Manzanero, célèbre compositeur mexicain et Président de la SACM, qui a souhaité la bienvenue aux participants de plus de 30 nationalités. A. Manzanero a déclaré : « Où qu’ils se trouvent dans le monde, le principal désir des compositeurs est de créer, mais ils aspirent aussi à recevoir une rémunération équitable. Nous sommes toujours confrontés à d’immenses problèmes. Nous devons admettre que tout cela est lié aux nouvelles technologies et, en tant que compositeur, je trouve cela excessivement difficile. » Il a ensuite lancé un appel général à « faire appel à moitié à son cœur, et à moitié à la technologie » pour soutenir les créateurs de musique et le droit d’auteur.

Dans son discours, Beth Matthews, Directrice Générale de l’ASCAP, a ensuite attiré l’attention sur les opportunités sans précédent de distribution des contenus auprès d’un « aussi vaste public ». Elle a souligné le rôle majeur de la CISAC pour préserver la cohésion des créateurs, en particulier face au « value gap », autrement dit le transfert de la valeur. B. Matthews a énuméré les grandes préoccupations actuelles des créateurs de musique, notamment les problèmes posés par l’intelligence artificielle et la technologie blockchain, qui sont susceptibles d’affecter la capacité des créateurs à vivre de leur travail. Les OGC sont à l’avant-garde du combat pour soutenir les créateurs de musique, notamment par la coopération et la collaboration internationales.

Lors de son discours, Elizabeth Matthews, Directrice Générale de l’ASCAP, apporte un éclairage sur les chiffres du Rapport sur les collectes mondiales 2018 de la CISAC. Photo © : CISAC

Lors d’un débat sur l’égalité hommes-femmes, Felicity Wilcox de l'AGSC a appelé à s’intéresser activement au travail des femmes afin qu’elles bénéficient de la même attention que les hommes. Cette visibilité doit devenir consciente et durable.

Comme l’a souligné Natalia Vergara de la SGAE, renforcer la présence des créatrices sur scène a eu un impact social important en Espagne et il faut améliorer les données sur l’impact social des femmes dans le secteur musical. Selon Damhnait Doyle, récemment élue au conseil d’administration de la société d’auteurs canadienne SOCAN, la solution passe aussi par une plus grande diversité au sein des conseils d’administration des sociétés. Pour Magdalena Mattey de la société chilienne SCD, les médias de masse font également partie du problème et ne facilitent pas la diffusion des œuvres des créatrices.

Dans le cadre de sa campagne phare autour des solutions pour améliorer l’égalité hommes-femmes, le CIAM a réuni des spécialistes du secteur pour continuer à explorer des pistes pour l’avenir. Photo © : CISAC

L’un des autres piliers de la stratégie CIAM 3.0 porte sur l’implication et l’intégration de la prochaine génération de créateurs de musique. Pour creuser ce sujet, un panel s’est penché sur le succès croissant des contenus audiovisuels sur les réseaux sociaux, les moyens de mieux faire comprendre aux créateurs comment protéger et valoriser leurs œuvres et l’information des créateurs sur différents aspects de leur carrière (p. ex. intégration des métadonnées, enregistrement de leurs œuvres). Rafael Fariñas, le nouveau Directeur Régional Amérique latine et Caraïbes, est revenu plus tard sur cette question en insistant sur la nécessité de mieux informer les responsables politiques et les juges sur les questions de droit d’auteur.

La CIAM est non seulement actif à l’échelle internationale, mais aussi à l’échelon régional par le biais de ses alliances continentales. Les cinq alliances ont rendu compte de leurs activités à l’AG et informé les délégués sur les projets de formations sur le droit d’auteur destinées aux auteurs et aux compositeurs de musique, les programmes d’éducation scolaires, la recherche, les initiatives visant à renforcer la présence des créateurs lors des grandes conférences de l’industrie musicale comme le Midem 2018, la collaboration avec l’OIF en Afrique, etc. Elles ont également fait part de leurs inquiétudes, notamment concernant les pratiques de buyout en Asie-Pacifique, le processus de réforme de la directive européenne sur le droit d’auteur et la Music Modernization Act aux États-Unis.

Les groupes de travail du CIAM ont également rendu compte de leurs activités au cours de l’année écoulée et de la marche à suivre pour l’avenir. Le CIAM compte cinq groupes de travail qui se consacrent respectivement à la gouvernance, aux métadonnées et à la technologie, à la Formation et Développement, à l’égalité hommes-femmes et au projet Fair Trade Music.

Paul Williams, auteur-compositeur et Président de l’ASCAP, anime le débat sur la place centrale des créateurs pour l’avenir des OGC. Photo © : CISAC

Wally Badarou, compositeur, Administrateur de la SACEM et membre du Comité Exécutif du CIAM, a présenté le Code de Bonnes Pratiques français. Il s’agit d’un code qui pourrait être adopté par les créateurs de musique et les éditeurs pour améliorer leurs relations et la coopération entre les différents membres de la communauté des ayants droit.

Même si les méthodes traditionnelles de communication auprès des différentes parties intéressées (créateurs de musique, grand public, responsables politiques) restent d’actualité, le CIAM utilise aussi désormais les médias sociaux comme Instagram pour asseoir sa présence dans le débat en ligne. Le CIAM va de l’avant pour s’assurer qu’il est présent là où les créateurs ont besoin de lui et permettre aux jeunes générations de comprendre le monde de la musique et du droit d’auteur.

Le dernier jour de l’AG, la SACM a invité les décideurs politiques mexicains et les médias locaux à une conférence sur la copie privée. La société a appelé à mettre en œuvre des mécanismes efficaces afin de permettre la collecte et la répartition de cette source de revenus essentielle pour les créateurs de musique s’ils veulent mener une carrière durable dans ce secteur.

Lors de la conférence de presse de la SACM, Eddie Schwartz, auteur-compositeur et Président du CIAM, explique toute l’importance de la copie privée au Canada, notamment pour promouvoir la création musicale. Photo © : CISAC

 

Avec plus de 30 pays représentés à son Assemblée Générale, le CIAM prouve à quel point il permet aux créateurs de musique de s’exprimer d’une voix unie. Photo © : CISAC